//Œuvres et discours./
Fred Guzda. Artiste / théoricien.
Je renonce à présenter moi-même mon travail. Il y a dans cet exercice quelque chose à quoi je ne peux me résoudre. Car le danger est moins d’en dire trop ou trop peu que d’être soi-même dupe de sa propre mascarade. C’est pourquoi j’en laisse le soin à plusieurs camarades, dont les textes ci-dessous sont proposés tels quels, sans correction ni agrément particuliers de ma part.
Fred Guzda
«Fred Guzda produit sans hiérarchie des œuvres (entendons des œuvres d’art) et des textes. On peut d’ailleurs constater la présence notable (bien que non exclusive) de l’écrit (sous diverses formes) dans sa production artistique. Il serait hasardeux pourtant d’en tirer la conclusion trop hâtive d’un système ou d’une revendication de principe. Car aucun matériau, aucune forme, aucun processus ne mérite à ses yeux moins d’attention ou d’intérêt qu’un autre. Ni plus. Ce qui (lui) importe c’est ce qu’une œuvre devient lorsqu’elle s’expose, surtout si alors son sens déborde son origine et ses motifs supposés. Son travail s’efforce plutôt, me semble-t-il, de tenir compte de la distance qui persiste entre les œuvres et les discours qui les accompagnent, notamment ceux que l’artiste produit ou qu’on lui attribue (les siens compris, bien entendu) . Loin de voir dans cette distance un préjudice, je ferais l’hypothèse que ce travail se construit sur le soupçon d’une altérité fondamentale propre au phénomène artistique, qui impose un élargissement de la figure de l’artiste et du concept d’auteur eux-mêmes. Dès lors on peut considérer, dans ces conditions, l’ensemble de ses travaux, depuis 1995, comme un tout indivis, composé d’éléments de nature et de forme multiples : la totalité des œuvres qu’il a déjà réalisées et conservées, les projets non achevés, abandonnés ou en suspens, ainsi que la somme des textes qu’il a pu écrire, qu’ils aient été publiés ou non.»
Alphonse Veugle
«Ne pas pouvoir s’expliquer est un empêchement frustrant. On peut s’imaginer avoir quelque chose à dire, à formuler, d’une façon qu’on voudrait intelligible. Mais les conditions extérieures ne s’y prêtent pas vraiment, soit que le temps manque, soit que l’attention de l’auditoire fasse défaut. Bref, dans ce cas, à supposer qu’on ait quelque chose à dire, la frustration s’installe là où les conditions de l’expression sont brouillées dans des circonstances tellement ordinaires qu’elles sont les plus banales. Là sont des prémisses qui nous empêchent, non tant de s’expliquer mais de nous rendre compte que s’expliquer n’a, avant tout, rien d’évident. Se rendre attentif à cela nous détache tout à coup des causes extérieures pour enfin saisir que la responsabilité nous incombe personnellement de nous faire entendre et connaître. Voilà qui ne dépend plus de formes standardisées, et d’ailleurs, pour s’expliquer de quoi ? Pour parvenir à l’évident, Fred Guzda aime puiser dans ce qui paraît peu l’être. Voilà pour l’aspect premier, l’extériorité de son travail. L’évidence pour lui doit être révélation. Il en va ainsi de l’amitié.»
Sébastien Hoëltzener