César Paumier.12 ans / habitant de Catalogne.
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Res no és mesquí
ni cap hora és isarda,
ni és fosca la ventura de la nit.
I la rosada és clara
que el sol surt i s’ullprèn
i té delit del bany:
que s’emmiralla el llit de tota cosa feta.
Res no és mesquí,
i tot ric com el vi i la galta colrada.
I l’onada del mar sempre riu,
Primavera d’hivern-primavera d’istiu.
I tot és Primavera:
i tota fulla eternament.
Res no és mesquí,
perquè els dies no passen;
i no arriba la mort si no l’heu demanada.
I si l’heu demanada us dissimula un clot
perquè per tornar a néixer necessiteu morir.
I no som mai un plor si no un somriure fi
que es dispersa com grills de taronja.
Res no és mesquí
perquè la cançó canta en cada bri de cosa.
-Avui demà i ahir
s’esfullarà una rosa:
i a la verge més jove li vindrà llet al pit. 
Joan Salvat-Papasseit

Arc Voltaïque, traduit du catalan par Annie Andreu-Laroche et Carlos Andreu. 
Éditions la Différence, Paris, 1994.

Joan Salvat-Papasseit (Barcelone 1894-1924) visite la ville de toutes les avant-gardes.

Il écrit à un autre poète catalan :

«Cher Picó : habiter à Paris et avoir de l’argent serait la pierre philosophale authentique!»
Du fait de ses heures passées au café «La Rotonde» (qu’un autre poète catalan, Carles Riba, considérait en 1924 comme le nombril du monde), ou à fouiller dans les librairies, Joan Salvat-Papasseit (Barcelone 1894-1924) prend conscience que Paris rend sa poésie plus audacieuse. Mais dire que Salvat-Papasseit était «le poète d’avant-garde catalan» serait pécher par trop de simplicité. La tradition populaire catalane et les chansons enfantines résonnent dans ses vers, qui ont finalement mieux à offrir : une vision toute personnelle de l’écriture.

Citoyen d’une Barcelone où l’anarchisme était à l’ordre du jour, celui qui pour avoir connu l’ambiance ouvrière du port, le travail dur des déchargeurs de bois et la vie du rail, s’engagea à lutter aux côtés des faibles, toujours prêt à défendre la cause des travailleurs. Il n’est pas étonnant, donc, que Salvat ait eu pour projet de toucher avec son oeuvre «l’immense majorité». Mais l’on ne saurait réduire sa poésie à une poésie «engagée» au sens restrictif du terme. Selon plusieurs exégètes, ce poète a écrit quelques-uns des plus beaux poèmes d’amour de l’Europe contemporaine (El poema de la rosa als llavis, Le poème de la rose aux lèvres). Salvat est mort à 30 ans. Un demi-siècle après sa mort, une fois Franco disparu, les chansonniers catalans redécouvrirent son oeuvre et emplirent le pays de belles musiques écrites sur les paroles de ses poèmes, que le temps et la répression semblaient avoir condamnées à l’oubli.
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