//Les amis imaginaires/
...où l’on découvre que les amis imaginaires existent vraiment.
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Jordi Palmer. Auteur / commentateur, ami de longue date.
Jordi Palmer m’a envoyé la recommandation d’un livre écrit par un écrivain américain :  

«Lettre à un ami imaginaire»
Thomas McGrath

Octobre 1954 : 
Un poète américain mis sur liste noire par les tribunaux maccarthystes, et relégué dans les limbes par le Parti Communiste des États-Unis, s’assied à sa table et commence ce qu’il pense être un poème d’une quinzaine de pages. Il a déjà le titre : Lettre à un ami imaginaire. Thomas McGrath ne mettra un point final à son immense lettre qu’une trentaine d’années plus tard. Ce poème long américain ne ressemble à aucun autre : l’auteur nommait son oeuvre « pseudo-autobiographie », soit le récit d’une vie, mais en tant qu’elle peut être représentative de davantage qu’elle-même, en l’occurrence d’une culture irlando-américaine catholique revue au prisme d’un engagement dans la gauche radicale, de moments peu médiatisés de l’Histoire dont le poète fut un témoin de première main, d’une région longtemps invisible depuis les grands centres culturels, le Dakota du Nord, enfin et surtout d’une classe sociale, fermiers, ouvriers, oubliés du Rêve américain.
Peu discipliné et radical, il désapprouve les orientations du Parti communiste favorable à un front populaire. En revanche, dans sa poésie, il refuse de s’imposer une doctrine et des thèmes convenus. Mais il est toujours du côté des pauvres et des opprimés. En outre, il admire, T. S. Eliot, Ezra Pound et Joyce, auteurs peu réalistes-socialistes. Il donne ainsi une biographie poétique mais qui ne s’enferme pas dans l’individuel : « Ce qui m’intéresse, ce sont les moments d’intersection entre ma vie personnelle dans sa singularité et quelque chose qui la dépasse lorsque mon temps fugitif et limité prend part à « l’édification du grand récit » ». Sur un fond réaliste, le poète ne recule pas devant un « chahut narratif », fait de ruptures de ton, d’hyperboles, de passages du coq-à-l’âne, d’expansions rabelaisiennes comme lors d’une confession burlesque, d’ébauches de multimédia et même de regards sur le texte en train de s’écrire. 
Dans ce maelström poétique maîtrisé et visiblement sincère, le lecteur n’est pas englouti car il y plane une étonnante euphorie. Il peut même avoir la tentation de devenir un compagnon de route, au très beau sens du terme, et penser que cette lettre ouverte lui est personnellement adressée. 
Jean-Paul Champseix / 30 avril 2024

Plus d’un enfant sur deux, encore petit ou devenu adulte, déclare avoir un ami imaginaire. Souvenir intime et nostalgique de notre compagnon de bêtises, d’aventures farfelues et de confidences sincères.
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