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/ je me traînais pour me préparer à exister. / Installation vidéo

C’ÉTAIT UN JOUR DE CONGÉ ASSEZ VAGUE,
OFFICIEL MAIS GUÈRE RESPECTÉ.
TRAVAIL ET REPOS VOISINAIENT, ET JE N’AVAIS RIEN À FAIRE.
JE M’ÉTAIS LEVÉ TÔT, ET JE TRAÎNAIS POUR ME PRÉPARER À EXISTER.
JE MARCHAIS DE LONG EN LARGE DANS MA CHAMBRE,
ET JE RÊVAIS TOUT HAUT À DES CHOSES DÉCOUSUES
AUTANT QU’IRRÉALISABLES -
DES DÉMARCHES QUE J’AVAIS NÉGLIGÉES D’EFFECTUER,
DES AMBITIONS IMPOSSIBLES MAIS ACCOMPLIES FORTUITEMENT,
DE LONGUES ET SUBSTANCIELLES CONVERSATIONS,
QUI L’AURAIENT ÉTÉ EN EFFET, SI SEULEMENT ELLES AVAIENT EU LIEU.
ET DANS CETTE SONGERIE SANS CALME NI GRANDEUR,
DANS CETTE FLÂNERIE SANS BUT NI ESPOIR,
MES PAS USAIENT CETTE MATINÉE DE LIBERTÉ,
ET MES PHRASES PRONONCÉES TOUT HAUT À VOIS BASSE RÉSONNAIENT,
EN SE MULTIPLIANT, DANS CE SIMPLE CLOÎTRE DE MON ISOLEMENT.

Bernando Soares. Le livre de l’intranquillité.
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